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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

la mystérieuse fusion, au sein de la réalité historique, de la liberté et de la nécessité, est la seule chose dont je me sois proposé d’entretenir le lecteur. Je dois me borner aujourd’hui à essayer de lui faire entrevoir comment ces deux forces, en apparence contradictoires, unies cependant entre elles par un lien secret, pouvaient concourir harmoniquement à un but commun. Aujourd’hui, je désirerais seulement lui faire entrevoir comment se fait, à travers les siècles, dans l’immensité des temps, le développement continu d’une merveilleuse synthèse entre la nécessité et la liberté.

OBSERVATION.

Dans ce peu de pages consacrées à la philosophie de l’histoire de Schelling, c’est l’idée qui domine tout son système philosophique que je me suis surtout proposé de mettre en relief. Je crois l’avoir déjà dit, c’était aussi là ce que je m’étais proposé de faire, quand je me suis précédemment occupé de la philosophie de la nature ; toutefois je ne prétends pas comme alors me hasarder à présenter d’une façon systématique, et m’appartenant en propre, les opinions de notre philosophe. Cette méthode a des avantages qui lui sont propres : celui d’une grande clarté, par exemple, unit aussi beaucoup d’inconvéniens qui en sont inséparables, et parmi eux il en est un surtout devant lequel je me sens tout disposé à reculer en ce moment, dans l’intérêt du public, qui pourrait en recevoir un dommage par trop considérable. Cet inconvénient est de substituer au philosophe l’historien, ou le disciple du philosophe ; de faire parler le philosophe par une bouche étrangère. Au lieu donc de me faire encore une fois l’expositeur ou le commentateur de M. de Schelling, je lui cède de grand cœur la parole pour ce qui va suivre. Ce morceau est en effet presque entièrement tiré de son système d’idéalisme transcendantal. C’est, je crois, ce qu’il a écrit de plus détaillé sur la philosophie de l’histoire proprement dite.

Je n’ajouterai plus qu’un mot, ce que je me vois forcé de faire en raison du caractère particulier de l’ouvrage qui vient d’être cité, et du point de vue où a été conçu le morceau en question.

Ce point de vue est celui d’un idéalisme transcendantal, et