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SOUVENIRS SUR JOSEPH NAPOLÉON.

cation de la couronne d’Espagne est nettement exprimée : la voici :


À L’EMPEREUR NAPOLÉON.


Madrid, 23 mars 1812.


« Sire,

« Lorsqu’il y a bientôt un an, je demandai à votre majesté son avis sur mon retour en Espagne, elle m’engagea à y retourner, et j’y suis : elle eut la bonté de me dire, qu’au pis aller, je serais à temps de la quitter, si les espérances qu’on avait conçues ne se réalisaient pas ; que dans ce cas, votre majesté m’assurerait un asile dans le midi de l’empire, où je pourrais partager ma vie avec Morfontaine.

« Sire, les événemens ont trompé mes espérances ; je n’ai fait aucun bien et je n’ai pas l’espoir d’en faire : je prie donc votre majesté de me permettre de déposer entre ses mains les droits qu’elle daigna me transmettre sur la couronne d’Espagne, il y a quatre ans ; je n’ai jamais eu d’autre but, en l’acceptant, que celui de faire le bonheur de cette monarchie. Cela n’est pas en mon pouvoir.

« Je prie votre majesté de m’agréer au nombre de ses sujets, et de croire qu’elle n’aura jamais de serviteur plus fidèle que l’ami que la nature lui avait donné.

« De votre majesté impériale et royale, Sire, l’affectionné frère.


« Joseph. »


Il est à remarquer que lorsque le roi Joseph signait cette honorable renonciation à la couronne, la péninsule était occupée par une armée nombreuse et triomphante ; la bataille des Arapyles n’avait pas commencé les désastres des Français en Espagne, et enfin la campagne de Russie n’avait pas encore ébranlé le trône de Napoléon.

Une seconde lettre du roi à sa femme explique très bien et sa