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de la réserve, sous les ordres du général Desselles, suivait la grande route de Madrid à Cadix ; l’aile gauche, commandée par le général Sébastiani, marchait sur Lenarès ; l’aile droite, qui avait pour chef le maréchal Victor, se dirigeait sur Almaden. Le mouvement s’opérait simultanément. En peu d’heures les positions formidables de l’ennemi furent emportées, et l’armée insurgée mise en déroute ; on fit dix mille prisonniers.

Le roi arriva devant Séville avec une telle rapidité, que les membres de la junte centrale furent obligés de se disperser, pour se réfugier isolément et précipitamment à Cadix.

Un conseil de guerre, où se trouvèrent les principaux chefs de l’armée française, eut lieu dans un village voisin de Séville, à Alcala de Guadaira ou de los Panaderos.

Deux projets y furent discutés : l’un était de marcher immédiatement sur Cadix, en laissant seulement un corps d’observation devant Séville. On avait la presque certitude d’entrer facilement dans l’île de Léon et à Cadix ; ces deux points étaient dégarnis de troupes, et sans moyens préparés de défense. L’arrivée de la junte réfugiée, celle des fuyards militaires et civils, et surtout la nouvelle de la dernière et complète défaite de l’armée insurgée, y avaient causé une stupeur générale ; tout y était confusion et désordre. Les chefs les plus compromis ne s’étaient réfugiés dans cette ville, qu’afin de chercher à s’y embarquer pour Gibraltar.

L’autre projet consistait à occuper Séville, avant de marcher sur Cadix, pour ne pas laisser derrière soi, au pouvoir de l’ennemi, une cité importante, populeuse, et qui renfermait sans doute un grand nombre de soldats, débris de l’armée qui venait d’être détruite.

Le roi voulait terminer la guerre, il était d’avis de marcher sur Cadix ; le major-général opinait pour entrer d’abord à Séville. Le maréchal avait pour lui l’autorité d’une grande réputation militaire et les sentimens secrets des généraux, que la prolongation de la guerre faisait maîtres des provinces espagnoles. Il ramena à son opinion la majorité du conseil, en disant : « Qu’on me laisse prendre Séville, et je réponds de Cadix. » Le roi fut obligé de céder, avec la conviction, pourtant, que son avis était meilleur que celui