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REVUE DES DEUX MONDES.

— Il n’y a rien de si beau, s’écria-t-il alors, dans les gros livres que j’ai lus, et le vieux brahme a raison.

Trois jours après il fit ses adieux à Darma qui lui dit : Fils d’Aoudh, si, au bout de trois ans, après avoir parcouru la terre, vous trouvez une maxime plus belle que celle que je viens d’entendre, j’ai là un trésor, ma fille Parvaty, elle est à vous.

Le brahme partit ; il visita l’Asie, l’Europe, les pays civilisés et barbares, inscrivant sur son livre ce qu’il entendait ou lisait de plus beau.

À son retour, le vieux Darma était presque mourant. Mon père, lui dit-il, après l’avoir embrassé, la plus belle maxime que j’aie rencontrée, c’est celle que vous pratiquez depuis de longs jours ; c’est celle qui vous fait oublier la douleur. Oh ! vous la trouverez assez belle pour me donner Parvaty ! Le jeune homme ouvrit alors son livre, et le vieillard put y lire : Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fît. »

Tel est le cadre inventé par M. Ferdinand Denis pour y renfermer tout ce qu’une lecture variée et intelligente peut fournir de plus substantiel sur la morale. Ce petit livre est le résumé de la sagesse des nations, et le fruit de l’expérience d’un jeune sage. Selon le précepte de Darma, l’auteur des Scènes sous le Tropique a quitté les solitaires méditations de l’art pour une vie plus active et plus pratique ; il a pensé qu’il valait mieux instruire les hommes qu’écouter le chant des bengalis et le murmure des fontaines. À parler sans figures, M. F. Denis a voulu faire une œuvre populaire et utile. Son but est atteint, les lecteurs qu’il cherchait étudieront son livre avec plaisir et profit ; mais ceux que sa modestie semblait négliger feront relier le Brahme voyageur entre les gracieuses maximes de la Chaumière indienne et les préceptes positifs du Bonhomme Richard : multa in paucis.


H.