Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
REVUE DES DEUX MONDES.

lerons ici que de l’almagamation dite de patio. On nomme patio une cour pavée en dalles, sur laquelle on dépose un énorme gâteau (torta) du minerai broyé et réduit à consistance de boue ; on ajoute à cette pâte du sel dont la proportion varie selon les localités de 1 jusqu’à 5 pour 100 de minerai. On opère le mélange en faisant fouler le tout aux pieds des chevaux. On ajoute ensuite ce qu’on nomme le magistral : c’est une substance qu’on obtient en grillant de la pyrite de cuivre, et qui contient communément un dixième de sulfate de cuivre ; on met environ une demi-livre de magistral par quintal de minerai. Quant au mercure, la quantité qu’on en met est réglée, non suivant le poids du minerai, mais suivant le poids de l’argent qu’on y sait contenu. On emploie six fois autant de mercure qu’on doit retirer d’argent. Ce mercure se divise en trois lots qu’on incorpore à trois époques différentes de l’opération. L’intervalle qu’on met entre les époques, varie suivant différentes circonstances que l’amalgameur apprécie en général avec beaucoup de justesse. Après la dernière addition de mercure, on fait agir les chevaux encore pendant deux heures, après quoi le minerai amalgamé est porté aux ateliers de lavage ; enfin, l’amalgame, séparé des parties terreuses qui l’enveloppaient, est porté aux usines de distillation. L’argent qu’on obtient ainsi est presque pur.

C’est par tâtonnement qu’on est arrivé au procédé que nous venons d’indiquer, et les hommes qui l’ont amené à sa perfection, n’avaient aucune idée du mode d’action des divers réactifs qu’ils employaient. M. Boussingault s’est occupé de rechercher les phénomènes chimiques qui se passent dans cette opération, et voici l’explication qu’il en donne :

« En ajoutant le magistral (sulfate de cuivre) aux bottes métalliques renfermant déjà du sel marin, il se forme instantanément du bichlorure de cuivre ; ce bichlorure, en réagissant en partie sur le mercure et en partie sur le sulfure d’argent, donne naissance à du chlorure d’argent et de mercure, et passe à l’état de proto-chlorure de cuivre qui se dissout dans la solution de sel dont le minerai est imbibé, pénètre la masse à amalgamer et réagit énergiquement, comme l’expérience le fait voir, sur le sulfure d’argent, formant du chlorure d’argent d’une part et du sulfure de cuivre de l’autre. Le chlorure d’argent se dissout également dans la solution