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sine. » En effet, s’il veut dormir, il se couche sur le cuir qui, étant plié, formait la couverture de son cheval, et il appuie sa tête sur la selle étroite et légère qu’il appelle lombilho. Ce même cuir attaché aux quatre coins devient une pirogue ; son lacet et ses boules lui servent à réduire les bestiaux qu’il doit manger, et un bâton pointu, plus facile encore à transporter, lui tient lieu de broche.

« Que l’on me pardonne si, dans l’esquisse rapide que je viens de tracer, j’ai souvent substitué mes propres souvenirs aux récits de M. Pinheiro. Ce n’est pas que ceux-ci ne soient d’une grande exactitude ; mais il m’eût été difficile de les extraire méthodiquement sans leur ôter leur intérêt et les réduire à une sorte de catalogue. Je regrette que les bornes de ce rapport ne me permettent pas de suivre M. Pinheiro dans la peinture qu’il fait des anciennes missions de l’Uruguay. J’ai visité ce pays dont le plus habile de nos écrivains (M. de Chateaubriand) a célébré, avec autant de vérité que de charme, le bonheur trop promptement évanoui.

M. Pinheiro n’est pas seulement géographe, et c’est même à l’histoire de la province de Rio-Grande qu’il a principalement consacré ses recherches. M. Auguste Saint-Hilaire donne également une idée de cette partie de son ouvrage.

« Quelques religieux espagnols, dit-il, s’étaient à peine aventurés dans la province de Rio-Grande pour y catéchiser les Indiens, lorsqu’en 1715 cinq hommes blancs, envoyés par les autorités brésiliennes, se hasardèrent à traverser cette province. Bientôt des paulistes courageux offrirent au gouvernement d’ouvrir une communication entre leur pays et Rio-Grande, et en 1753 un commandant portugais prit, au nom de son souverain, possession du nord de la province. Des criminels condamnés à l’exil et des cultivateurs envoyés des Açores furent ses premiers habitans. On bâtit un fort vers la barre de Rio-Grande, point de communication du grand lac dos Pathos avec l’Océan. Quelques familles se réunirent dans cet endroit, et en 1747 Rio-Grande de San-Pedro-do-Sul fut érigé en ville. Pendant long-temps la province est le théâtre de la guerre entre l’Espagne et le Portugal pour l’insignifiante colonie du Saint-Sacrement. Suspendue un moment par le traité de 1750, cette guerre, qui n’avait eu d’autre résultat que la destruction