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momètre descende quelquefois à zéro, et il est aussi fort sain, les vents qui y règnent sans cesse balayant les miasmes qui s’élèvent des lagunes ou des rivières. La nature du sol varie suivant les lieux. Les plaines voisines de la mer n’offrent qu’une croûte peu épaisse qui, trop souvent enfoncée par les hommes et les bestiaux, laisse échapper un sable fin et mobile ; mais dans l’intérieur, la couche de terre végétale est plus épaisse et propre à des cultures très diverses. Les parties septentrionales de la province, lorsque le terrain n’est pas trop élevé, produisent du coton, du sucre, du manioc ; et du côté du midi, on peut avec succès cultiver le froment et tous les fruits d’Europe. Des bois couvrent les hauteurs qui s’élèvent vers le nord ; au midi s’étendent sur une surface immense des pâturages naturels où vivent d’innombrables bestiaux. Le propriétaire qui ne possède que 500 bêtes à cornes, dit M. Auguste Saint-Hilaire, est considéré comme pauvre, et j’ai connu un propriétaire qui, sur son terrain, en avait, à ce qu’on assurait, 40,000.

« Ici, ajoute-t-il, les troupeaux n’exigent presque aucun soin, et dans une grande partie de la province on n’est pas même obligé, pour entretenir les forces du bétail, de lui donner des rations de sel, comme j’ai dit ailleurs qu’on était forcé de le faire à Minas Geraes, et comme M. Roulin a reconnu que cela se pratiquait dans la Colombie. On peut, sur tout ce qui concerne le bétail de la province de Rio-Grande, consulter avec fruit le dernier chapitre du livre de M. Pinheiro. »

Sur les 8,230 lieues carrées que présente cette province, en y comprenant les anciennes missions de l’Uruguay, vivent environ 70,000 individus, dont 20,000 esclaves et 8,000 Indiens. Jusqu’à présent on n’y compte que trois villes, la plus grande partie de la population étant dispersée dans des villages et surtout dans les domaines ruraux désignés sous le nom d’Estancias. Le littoral, comme on pouvait le prévoir, est beaucoup plus peuplé que les parties de la province reculées vers l’occident ; il est même sur les bords de l’Uruguay de vastes territoires entièrement déserts.

En grande partie habitées par des Européens et par des négocians de Bahia et de Rio de Janeiro, les villes ne donneraient qu’une idée imparfaite des mœurs propres à la province de Rio-Grande. C’est dans les campagnes qu’il faut aller les observer, et