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REVUE SCIENTIFIQUE.

Christ ; j’entends les coups de marteau qu’on donne pour enfoncer les clous[1]. »

Après avoir traité des illusions occasionnées par une perversion des sensations internes, l’auteur s’occupe de celles où l’erreur part des sens externes, et il en cite des exemples remarquables que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici.

L’Académie procède à l’élection d’un candidat pour la chaire devenue vacante au Muséum d’histoire naturelle par la mutation qui a eu lieu à la mort de M. Cuvier. M. Valenciennes obtient la majorité des suffrages et est déclaré candidat de l’Académie.

Séance du 8 octobre. — M. Gavard fait hommage à l’Académie de la première livraison de ses Vues de Paris, obtenues au moyen du diagraphe.

M. Strauss adresse les premiers résultats d’un nouveau voyage que M. Ruppel fait en ce moment dans l’intérieur de l’Afrique. Dans sa première expédition, ce voyageur avait remonté le Nil et était pénétré dans le Kordofan et le Darfour, beaucoup plus avant qu’aucun autre Européen. Cette fois il se proposait de traverser la partie méridionale de l’Abyssinie, en se dirigeant vers les monta-

  1. L’homme qui rêve est, jusqu’à un certain point, comparable au maniaque. C’est la même facilité pour passer d’une image à l’autre, pour lier entre elles ces sensations successives, quelque incohérentes qu’elles soient en effet ; c’est la même indifférence pour établir leur relation avec la réalité. Qu’une douleur ait lieu à ce moment, le rêveur y trouvera une cause non moins bizarre que celle qu’imaginerait l’aliéné. Un de nos plus célèbres écrivains assistait un jour, en rêve, à une revue de troupes au Champ-de-Mars. Tout-à-coup il vit cette multitude de soldats s’avancer vers lui en colonnes serrées, et commença à concevoir quelque inquiétude. « Pourvu qu’ils ne s’avisent pas, se dit-il à lui-même de vouloir entrer dans ma bouche, peu m’importe de quel côté ils se dirigent. » Il ne tarda pas à s’apercevoir que sa crainte n’était que trop fondée, voilà l’infanterie qui entre et qui ne fait guère, à sa grande satisfaction, que lui chatouiller le gosier. La cavalerie vient à son tour, et cette fois la pointe des sabres le pique et l’incommode. Que sera-ce quand il faudra que l’artillerie y passe ! L’artillerie arrive grand train, et l’ébranlement produit par les roues cause une telle douleur, que le philosophe s’éveille, mais la douleur de la gorge persiste. Il avait en effet une forte esquinancie.