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MISCELLANÉES SCIENTIFIQUES.

Dans le Stenzelberg, montagne du groupe des Sieben-Gebirge, on a ouvert dans le trachyte des carrières qui fournissent d’excellentes pierres de construction. À côté de la carrière principale, on en trouve une autre d’un trachyte très poreux sans cristaux distincts, et qui présente dans sa disposition générale une singularité qui, à ce qu’il paraît, n’a jamais été observée ailleurs. Au milieu de la masse, on trouve de vastes colonnes verticales de cinquante à soixante pieds d’élévation qu’on ne saurait mieux comparer qu’à des troncs d’arbre. Le trachyte se délite en feuillets minces et contournés autour de l’arbre comme une véritable écorce.

À l’instant où l’auteur visita la carrière, on observait très distinctement trois de ces colonnes que les travaux avaient à moitié dégagées, et qui s’élevaient sur toute la hauteur de l’escarpement. Un petit dessin au simple trait annexé au mémoire, représente cette singulière disposition qu’on trouvera d’ailleurs rendue beaucoup plus exactement dans une très belle lithographie qui fait partie de l’atlas géologique de Goldfuss. Nous avons trouvé également dans cet atlas une vue du Kæsegrotte, mais elle est beaucoup moins satisfaisante.

Vers la limite septentrionale du Sieben-Gebirge, on rencontre une grande formation de basalte qui court à peu près parallèlement au Rhin, et forme une crête d’environ une lieue de longueur. Elle s’élève à une bien moindre hauteur que les montagnes trachytiques, mais cependant elle forme une colline très sensible que l’on nomme par allusion à sa forme le Langenberg.

Le basalte, qui constitue la colline du Langenberg, est très dur, très résistant, et il est employé au pavage des routes. Il est très fréquemment caverneux, et alors dans son intérieur il présente de fort jolis cristaux de chaux carbonatée ou même des faisceaux d’arragonete ; mais ce qu’il offre de très remarquable, c’est la disposition de ses couches. Tout le Langenberg, en effet, semble n’être qu’un fragment d’une vaste boule qui se délite concentriquement par rapport à un noyau globuleux qu’on voit dans une carrière, située près d’Ober-Cassel. La carrière offre ce noyau avec toutes ses enveloppes sur une hauteur de plus de cent pieds. Au-dessus ou au-dessous dans la montagne, et latéralement à de grandes distances, on voit les strates du basalte présenter la même connexion autour d’un centre commun.

Quelle cause a pu produire un pareil centre de contraction au milieu de la masse ? Ce centre n’a avec la forme générale de la masse aucun rapport géométrique ; car on ne saurait croire que cette boule gigantesque ait jamais existé en entier. Il n’est pas inutile de faire remarquer que la courbure n’est pas celle d’une sphère, mais d’un ellipsoïde applati.