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vailler dans l’île avec l’épée et la lance, ôtant pour cela le commandement à plusieurs officiers qui pourtant n’étaient pas sans mérite ; et quoique par la suite il se fit de nombreux changemens dans ces sortes d’emplois, Salazar conserva toujours le sien jusqu’à ce qu’enfin il mourût du mal de Naples. Mais tout souffrant qu’il était, chaque fois qu’il y avait à combattre contre les Indiens, on le portait sur le terrain, parce qu’on savait bien que ces hommes étaient frappés de l’idée qu’ils ne pouvaient vaincre les chrétiens partout où était Salazar. Aussi leur premier soin, quand ils avaient quelques projets en tête, était-il toujours de s’informer où se trouvait le capitaine.

« Salazar en effet, d’après ce que m’en ont dit plusieurs personnes respectables qui l’avaient particulièrement connu, était de ces gens dont on ne peut faire trop de cas ; car si à la guerre c’était un rude batailleur, c’était en même temps un homme plein de courtoisie, de savoir-vivre et de discrétion. De plus, tout le monde s’accorde à louer sa dévotion envers la bienheureuse vierge Marie. Salazar, en un mot, était un cavalier accompli. Il termina une vie glorieuse par une belle mort, ayant fait dans ses dernières années une austère pénitence, comme me l’ont affirmé Ponce de Léon, le capitaine Augulo et plusieurs autres gentilshommes qui avaient vécu avec lui, de sorte que nous devons espérer qu’il jouit maintenant de la gloire éternelle.

« Amen. »


Lecacheux.