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III.


LE COL DE BALME.


Mon guide fut exact comme une horloge à réveil. À cinq heures et demie, nous traversions le bourg de Martigny, où je ne vis rien de remarquable que trois ou quatre crétins, qui, assis devant la porte de la maison paternelle, végétaient stupidement au soleil levant. En sortant du village, nous traversâmes la Drance, qui descend du mont Saint-Bernard par le val d’Entremont et va se jeter dans le Rhône, entre Martigny et la Batia. Presque aussitôt nous quittâmes la route, et nous prîmes un sentier qui s’enfonçait dans la vallée, en s’appuyant à droite sur le versant oriental de la montagne.

Lorsque nous eûmes fait une demi-lieue à peu près, mon guide m’invita à me retourner et à remarquer le paysage qui se déroulait sous nos yeux.

Je compris alors, à la première vue, quelle importance politique César devait attacher à la possession de Martigny, ou, pour me servir du nom qu’il lui donne dans ses Commentaires, d’Octodure. Placée comme elle l’est, cette ville devait devenir le centre de ses opérations sur l’Helvétie, par la vallée de Tarnave, qui prit le nom de Saint-Maurice après le massacre de la légion thébéienne et de son