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ses plus importantes publications, il faut rappeler les noms les plus illustres de l’Allemagne moderne : Schiller, Goethe, Wieland, Herder, Fichte, Schelling, Jean Paul, Tieck, Jean Muller, Humboldt, Voss, Mullner, Uhland ; les ouvrages de ces grands écrivains parurent presque tous chez Cotta. Il a en outre fondé plusieurs journaux politiques et littéraires ; le nombre en est grand, et l’énumération en serait fastidieuse ; je ne parlerai que des trois principaux : la Gazette d’Augsbourg, le Morgenblatt et les Annales de la critique scientifique.

C’est à Paris, dans un séjour qu’y fit Cotta au commencement de la révolution française, qu’il conçut le projet de la Gazette d’Augsbourg. L’Allemagne ne possédait alors d’autres feuilles politiques que quelques journaux de ville ou de duché, voués à des intérêts locaux, et qui n’exerçaient aucune influence générale sur la nation. Il y avait nécessité de fonder un journal politique, conçu sur un plan plus vaste, placé en dehors des localités, et même, autant que possible, en dehors des partis. Schiller étant venu à Stuttgard en 1793 pour rétablir sa santé, Cotta lui exposa son plan que Schiller adopta avec enthousiasme, et il fut décidé que le journal serait entrepris à Iéna sous sa direction. Le projet ne se réalisa pas à cause des nouveaux travaux poétiques et critiques que Schiller entreprit vers cette époque. Cotta s’adressa alors au célèbre historien Posselt. Celui-ci rédigea les premières feuilles du journal, mais reconnut bientôt qu’il n’était pas né pour le journalisme, et abandonna la rédaction. Elle fut confiée à Huber de Neuchâtel, ensuite à M. Stegmann, qui aujourd’hui dirige encore le journal avec MM. Kolb et Lebret. La Gazette générale fut d’abord imprimée à Tubingue, ensuite à Stuttgard, puis à Ulm, enfin à Augsbourg, où elle se publie maintenant.

Le Morgenblatt a été entrepris en 1806. Le plan d’après lequel il était conçu était de nature à le rendre plus populaire que les journaux purement scientifiques publiés dans les universités allemandes. Depuis quelques années, le Morgenblatt a été séparé en trois parties : la première renferme les œuvres originales tant en vers qu’en prose, les récits de voyages, etc. ; la seconde partie est consacrée aux beaux-arts ; la troisième à la critique littéraire. Le premier rédacteur de cette troisième partie fut le célèbre poète tragique Mullner. Il a été remplacé par M. Wolfgang Menzel, dont le feuilleton est devenu une puissance littéraire en Allemagne. La critique de M. Menzel, toujours ingénieuse et originale, est peut-être un peu trop négative et polémique. Sa sévérité a été poussée quelquefois jusqu’à l’injustice, particulièrement à l’égard de Goethe.

Les Annales de la critique scientifique se publient à Berlin depuis six ans. Leur but était plus sérieux et plus élevé que celui du Morgenblatt, leur