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BECERILLO.

L’instruction !… belle niaiserie ! pour les uns, elle consiste à savoir le nom du cheval d’Alexandre, du dogue Bérécillo, de Tabourot, seigneur des Accords…
M. de Balzac.


Ce serait, je l’avoue, une grande niaiserie que l’instruction, si elle n’avait d’autre résultat que de nous laisser dans l’esprit le souvenir de quelques noms propres et des anecdotes qui s’y rattachent ; mais, aux yeux de tous les hommes sensés, on n’est pas plus véritablement instruit pour avoir meublé sa mémoire du contenu des anas anciens et modernes que pour avoir écouté et retenu les caquets de la loge de la portière. Tirer vanité d’un si mince savoir est donc quelque chose de bien puéril, et le comble du ridicule, c’est d’en faire parade lorsqu’on ne l’a même pas, de jeter à tout propos des noms d’hommes qu’on défigure, et des mots d’une langue étrangère, dont on dénature le sens et l’orthographe.

Cette remarque, quoique faite à l’occasion d’un passage de la Peau de chagrin, ne s’applique pas certainement à l’auteur du livre ; la seule chose que j’aie l’intention de lui reprocher ici, c’est de choisir si mal ses autorités, quand il fait une citation relative à l’Amérique. C’est dans les Recherches philosophiques sur les Américains qu’il a pris le nom de Bérécillo. Or, je dois l’avertir que, de tous les écrivains soi-disant philosophes, M. de Paw est celui qui a réussi à compri-