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gulaires, qui a eu le même sort que celui de Saint-Sernin, dont il reproduit le type : il a été badigeonné en rose. À Notre-Dame de Nazareth ; chapelle assez écrasée du quatorzième siècle, il y a des vitraux d’un éclat surprenant ; je les crois les plus beaux de Toulouse. Enfin, si jamais vous passez à Toulouse, je vous prie de ne pas oublier une sainte Vierge, à mon gré délicieuse, placée au coin de la rue des Changes, dans une niche et sous un dais chargé d’ornemens à la façon de la fin du quinzième siècle.

Je n’ai pas le courage de parler des autres églises qui, comme Saint-Pierre, Saint-Exupère, ont été hideusement modernisées et rendues complètement méconnaissables. Cette contagion a gagné la Daurade, fameuse basilique qui a été fondée par les Visigoths, et qui tire son nom de la dorure des anciennes mosaïques de l’époque hiératique.

Quant aux monumens d’architecture civile, il y a plusieurs hôtels du seizième et du dix-septième siècle, notamment l’hôtel Saint-Jean, ancien grand prieuré de Malte, et l’hôtel Daguin, qui ne me paraissent pas mériter la réputation qu’ils possèdent. Le Palais de Justice, qui datait de la belle époque de 1492, vient d’être complètement remis à neuf et abîmé dans sa forme actuelle, cela peut être tout ce qu’on veut, caserne, hôpital, prison ; cela ressemble à tout et ne ressemble à rien. On vous montre une salle d’assises toute neuve, que l’on vante beaucoup, et dont la voûte est si prodigieusement élevée que toutes les paroles s’y perdent. Il y a encore le fameux Capitole, avec sa vaste et lourde façade, terminée en 1769, et tout-à-fait digne de son époque. On y montre le couperet qui servit à décapiter le duc de Montmorency, qui fut supplicié dans la cour intérieure de cet édifice : cela rapporte quelque profit au concierge, et par conséquent on le conserve. Que n’en est-il de même des débris de l’ancien Capitole, qui vont s’effaçant chaque jour. La salle gothique du grand consistoire, ou conseil général de la commune, a été détruite en 1808, pour faire place à une salle de bal destinée à recevoir Napoléon lors de son passage à Toulouse. Il ne reste de l’ancien édifice qu’une sorte de donjon flanqué de tourelles et coupé dans toute sa largeur par deux salles ; on a laissé défoncer la voûte de celle d’en haut : celle d’en bas, dite du petit consistoire ; est encore visible ; sa voûte en arcs doubleaux dorés et peints de diverses couleurs est très remarquable, mais ce dernier souvenir du principal monument de la vieille Toulouse, de Toulouse la sainte et la savante, doit disparaître à son tour ; on pourra se rabattre alors sur la salle des illustres, où se trouvent les bustes d’une foule de célébrités toulousaines. Cette salle vient aussi de subir les honneurs d’une restauration burlesque, dont les principaux ornemens m’ont paru être le buste de sa majesté Louis-Philippe, en plâtre vert, et de grandes cocardes tricolores en papier collées au