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DU VANDALISME EN FRANCE.

chez les ecclésiastiques la sympathie et l’intelligence nécessaires pour goûter ces idées. Je puis même dire que jamais je n’ai rencontré de prêtre de campagne, à qui elles ne parussent tout d’abord raisonnables et religieuses. J’ai reconnu que si, dans leurs reconstructions et réparations, ils laissent prédominer un goût si faux et si risible, c’est uniquement par défaut d’études nécessaires, études que leur occupation et leur petit nombre leur ont rendu impossibles. Ce goût n’est pas le leur, il leur est imposé soit par les funestes traditions du dernier siècle, soit par les exigences des conseils de fabrique, soit enfin par les pitoyables projets des architectes.

Je citerai d’ailleurs plusieurs exemples de fidélité à cette honorable mission qui convient si naturellement au clergé. J’ai déjà parlé du soin qu’avait mis M. Laugier, curé de Saint-Maximin, à préserver son église du vandalisme restaurateur. Je dois rendre le même hommage à M. Chatrousse, ancien curé de Vienne, qui a fait dans son admirable cathédrale de Saint-Maurice des réparations aussi généreuses que conformes à la primitive architecture de ce saint édifice, dont le vieux front semble se mirer avec tant de majesté dans les eaux du Rhône. À Toulouse, l’ancien curé de Saint-Sernin a défendu victorieusement son église contre les badigeonneurs du conseil de fabrique, qui, après en avoir couvert l’extérieur d’un jaune officiel, voulaient encore pénétrer dans l’intérieur ; mais il les a arrêtés sur le seuil. À Bordeaux, celui de Saint-Seurin a remporté un triomphe encore plus beau sur la fabrique, qui voulait faire disparaître comme inutile un trône épiscopal avec dais, du quinzième siècle, en pierre sculptée avec la plus grande délicatesse. Enfin, au moment où j’écris, de jeunes prêtres qui ont eu le courage de projeter au milieu de nos orages et de nos misères le rétablissement des sérieuses et solitaires études de la congrégation de Saint-Maur, viennent, en s’installant à l’abbaye de Solême dans le Maine, de sauver les célèbres sculptures de Germain Pilon qui décorent cet édifice, qui trois mois plus tard seraient tombées sous le marteau destructeur, et que certes ni le gouvernement, ni les autorités locales, ni les propriétaires voisins n’auraient jamais songé à défendre.


Je n’ai rien à dire de ma cinquième catégorie, de l’émeute. Elle ne se laisse pas analyser.


Je pourrais terminer ici ces notes confuses, si je ne voulais vous donner quelques détails sur les deux capitales du sud-ouest de la France, Toulouse et Bordeaux.

Toulouse m’a paru être la métropole et comme la patrie du vandalisme ;