Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/438

Cette page a été validée par deux contributeurs.
432
REVUE DES DEUX MONDES.

tiellement distincte de celle d’avocat, médecin, agent de change, etc., qu’il le représente communément : ce sont là des classes artificielles qu’il imagine, des contrastes qui prêtent aux plaisanteries et aux couplets du genre, mais que des provinciaux seuls peuvent prendre au sérieux : entre M. Scribe et son public, c’est pure connivence.

La courte réponse de M. Lacordaire au calomnieux factum du sieur Douville a produit son effet. Le gros livre que d’honnêtes personnages se préparaient à remorquer pour le tirer de sa fange, y est resté en plein. Ce livre, au reste, on le sait maintenant, n’est pas même de la fabrique du soi-disant voyageur au Congo : il lui a fallu, pour entasser vaille que vaille cet amas de grossièretés et d’impudences, recourir à la plume d’un de ses confrères en hâbleries aventurières et en mystifications éventées. Nous nous garderions de revenir sur ce point, si des journalistes peu pénétrans ne s’étaient assez lourdement interposés dans une querelle où ils ont voulu jouer le rôle de juste-milieu. Admirez donc l’équité de ces messieurs ! Un homme de cœur et de savoir, informé d’une supercherie infâme, qu’un corps savant couronne par la main d’un prétendu géographe, se récrie dans une indignation généreuse ; d’un sentiment désintéressé, patriotique, il ose dire ce qu’il a vu, ce qu’il a connu ; il compromet son repos, il s’expose à un assassinat, et par là-dessus il encourt le blâme de ces honnêtes compilateurs, copistes sans critique et sans coup-d’œil, qui jugent avant tout qu’il a été un peu loin. Le corps académique qui a commis la bévue renferme des personnes éclairées, d’une moralité et d’une capacité scientifique qui a intérêt à purger cette sotte affaire. Mais deux ou trois savans véreux, qui se croient quelque chose pour avoir débuté dans les bagages de l’armée d’Égypte ou pour avoir paperassé avec les travaux d’autrui, entravent tout éclaircissement, et donneraient gain de cause, s’ils l’osaient, au fripon sur l’honnête homme, plutôt que de reconnaître qu’ils ont été dupes, et de se rétracter. C’est après tout le rôle naturel qui sied au pédantisme ignorant. Pour simple vengeance je proposerais une variante au proverbe de Paul-Louis Courrier : « Tu t’entends à cela comme Gail au grec, » en d’autres termes, comme Jomard à la géographie.

À une autre fois les romans, contes, nouvelles, salmigondis, cent-et-un, cent-et-une, et en général tous les chefs-d’œuvre littéraires qui ont pu et dû paraître dans la dernière quinzaine ! Je veux dire seulement un mot en finissant, d’une brochure sérieuse que M. Maurize vient de publier sous le titre de Dangers de la situation actuelle de la France, et qu’il adresse aux hommes sincères de tous les partis. L’auteur, qui a passé, à ce qu’il semble, par les doctrines saint-simoniennes, est arrivé à considérer le système de M. Fourier comme seul capable de remédier aux désordres ef-