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cile de savoir quelle est celle dont ils font usage pour le moment. Ce mélange est frappant dans le prétendu Dictionnaire galibi, imprimé à Paris sous les initiales D. L. S., en 1763. Une foule de mots, appartenant aux langues du Brésil, et tirés des ouvrages de Laet, Marcgrave, etc., s’y trouvent confondus avec le galibi ; j’en ai vérifié une partie des phrases avec des Indiens parlant ce dernier, et j’ai vu que non-seulement un grand nombre d’expressions leur étaient inconnues, mais encore que la construction des phrases était si peu dans le génie de leur langue, qu’ils pouvaient à peine les comprendre. Cet ouvrage est évidemment une compilation faite par un homme qui n’avait jamais été sur les lieux. Pendant mon voyage, j’avais commencé un vocabulaire, mais il est trop imparfait pour être bon à quelque chose ; je n’en extrairai que les nombres ci-dessous, qui appartiennent à la langue oyampi, et qui suffiront pour en donner une idée.


Un. Peçou.
Deux. Mokoï.
Trois. Mapoli.
Quatre. Iréroté.
Cinq. Nanépaparé-ouak.
Six. Iatéré.
Sept. Ianépokourou.
Huit. Ianépokourou-omomaou.
Neuf. Pecinounoï.
Dix. Ianépokamini-ouak.


Les personnes qui s’occupent de recherches ethnographiques ne verront peut-être pas sans étonnement ces nombres aller jusqu’à dix ; cette particularité m’a surpris également après avoir lu si souvent que les Indiens ne savaient pas compter au-delà de cinq et même de trois. Je me contenterai de garantir l’exactitude de ces mots, en laissant aux personnes en question le soin de concilier ce fait avec ce qu’on sait des langues américaines. J’ignore les termes dont se servent les Indiens au-delà de dix ; passé ce nombre, il faut, pour se faire comprendre d’eux, montrer autant de doigts de la main qu’on veut y ajouter de quantité, et quand on est parvenu à vingt-cinq ou trente, il est difficile d’arrêter leurs idées d’une ma-