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présenter le tableau des merveilles qu’il a créées, par l’assurance d’avoir contribué à vous mettre en état d’en tracer vous-mêmes quelques traits. Osons le dire cependant : si ce cours doit être consacré à la philologie, nous n’en bannirons pas pour cela l’étude des faits et des idées. Nous ne fermerons pas les yeux à la plus éclatante lumière qui soit jamais venue de l’Orient, et nous chercherons à comprendre le grand spectacle offert à nos regards. C’est l’Inde, avec sa philosophie et ses mythes, sa littérature et ses lois, que nous étudierons dans sa langue. C’est plus que l’Inde, messieurs, c’est une page des origines du monde, de l’histoire primitive de l’esprit humain, que nous essaierons de déchiffrer ensemble. Et ne croyez pas que nous promettions ce noble but à vos efforts dans le vain désir de demander pour nos travaux une popularité qu’ils ne peuvent avoir. C’est en nous une conviction profonde qu’autant l’étude des mots, s’il est possible de la faire sans celle des idées, est inutile et frivole, autant celle des mots, considérés comme les signes visibles de la pensée, est solide et féconde. Il n’y a pas de philologie véritable sans philosophie et sans histoire. L’analyse des procédés du langage est aussi une science d’observation ; et si ce n’est pas la science même de l’esprit humain, c’est au moins celle de la plus étonnante faculté à l’aide de laquelle il lui ait été donné de se produire.


eugène burnouf.