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cieux message, par lequel on vous demande si vous êtes satisfait de la réparation.

2o En traversant un pont, être soudainement jeté à bas de sa monture, et quand on se relève, si toutefois on ne s’est pas cassé le cou, être obligé de laisser là son cheval, attendu qu’il s’est brisé la jambe dans un trou formé par l’absence d’une planche.

3o Lorsque vous êtes à six heures de marche de toute habitation et de tout village, vous trouver soudainement abandonné par votre guide, sur les épaules duquel vous aviez peut-être imprudemment essayé la bonté de votre fouet, et rester, pour continuer votre route, exclusivement livré à votre propre sagacité.

4o Au milieu d’une nuit épaisse, tomber avec tout votre bagage au fond d’un profond ravin.

5o Quand vous vous arrêtez dans un khan, épuisé de fatigue et transi de froid, ne trouver qu’une chambre, aux murs ruisselans, avec des fenêtres de papier et sans portes. Essayer d’y faire du feu, mais n’avoir que du bois vert, et lorsqu’à force de souffler aux dépens de vos poumons, vous l’avez enfin allumé, être saisi de violens maux de cœur et ne pouvoir même plus manger votre pilaw.

6o En sortant d’un café sur le parquet duquel vous étiez demeuré roulé toute la soirée, vous apercevoir que vos habits et votre manteau sont percés d’une infinité de trous, qu’y a pratiqués le feu des pipes de la compagnie.

7o Si vous arrivez tard à quelque hameau occupé par des troupes irrégulières, n’avoir le choix d’une auberge qu’entre une étable à cochons, et un hôpital — où il y a la peste.

8o En traversant une rivière, remarquer que votre cheval se met à nager, votre guide ayant manqué le gué ; sentir alors vos vêtemens mouillés se glacer sur votre peau, et songer, pour toute consolation, que pas un de ceux qui vous restent dans votre bagage, n’aura pu se trouver à l’abri de cette inondation. »