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CHIAIA.

SALVATOR.

Je t’envie, ô pêcheur ! Sur la grève et le sable
Je voudrais, comme toi, savoir tirer un câble,
Mettre une barque à sec, et le long de ses flancs
Sécher au plein soleil mes filets ruisselans.
Je t’envie, ô pêcheur ! Quand derrière Caprée
Le soleil a quitté sa tunique dorée,
Comme toi, dans ma barque étendu gravement,
Je voudrais voir la nuit tomber du firmament.
Ô fratello ! plains-moi, ma douleur est mortelle,
Car, pour moi, la patrie a cessé d’être belle ;
Naples, la ville d’or, à mes regards maudits
A fermé le jardin de son blanc paradis,
Tous les enchantemens de la riche nature,
L’air qui plante la joie en toute créature,