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REVUE DES DEUX MONDES.

Plus de parvis immense, à faire mille pas,
Plus de large croix grecque étalant ses longs bras,
Plus de ces grands christs d’or au fond des basiliques
Penchant sur les mortels leurs regards angéliques,
Plus d’artistes brûlans, plus d’hommes primitifs
Ébauchant leur croyance en traits secs et naïfs,
De pieux ouvriers s’en allant par les villes
Travailler sur les murs comme des mains serviles,
Plus de parfums dans l’air, de nuages d’encens,
De chants simples et forts, et de maîtres puissans
Versant, dans les grands jours, de leur harpe bénie
Sur les fronts inclinés des torrens d’harmonie.
Rien, absolument rien, et cependant la Mort
Ébranle sous ses pas ce qui semblait si fort ;
Elle est toujours robuste, et toujours, chose affreuse !
Elle poursuit partout sa marche désastreuse ;
Chaque jour elle voit sur quelque mont lointain,
Comme un feu de berger, le culte qui s’éteint ;
Chaque jour elle entend un autel qui s’écroule,
Et sans le relever passer auprès la foule ;
Et l’image de Dieu dans ces débris impurs
Semble tomber des cœurs avec les pans des murs.
Le vieux catholicisme est morne et solitaire,
Sa splendeur à présent n’est qu’une ombre sur terre,
La mort l’a déchiré comme un vêtement vieux ;
Pour long-temps, bien long-temps, la Mort est dans ces lieux.