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REVUE DES DEUX MONDES.



À M. le Directeur de la Revue des Deux Mondes.


Paris, le 6 novembre 1832.


Monsieur,

Les nouvelles pièces dont vous menacez de m’accabler ne m’effraient point ; elles ne me causent même pas la moindre inquiétude, puisqu’elles ne m’empêchent point d’entreprendre un petit voyage que je projette depuis long-temps. Pendant mon absence, exhalez tout votre venin ; à mon retour, je répondrai dans une brochure à tous les argumens, quels qu’ils puissent être, que vous aurez allégués contre moi.

Pour le moment il me suffit de prouver que le voyage au Congo n’est pas une fiction.

L’auteur de l’article inséré dans le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, prétend m’avoir vu au Brésil dans le mois de mars 1828, qu’alors je ne possédais pas la somme de 3,000 francs et étais par conséquent hors d’état de faire les dépenses indispensables pour un voyage en Afrique.

Voilà, je crois, les argumens donnés contre l’authenticité de mon voyage.

Admettons que l’auteur de cet article n’ait point été poussé par une noire méchanceté, il lui faudra au moins convenir qu’il s’est trompé, quant à la date de l’époque à laquelle il dit m’avoir vu au Brésil.

Voici ma réponse aux assertions avancées contre le voyage au Congo. Elle est, je pense, de nature à ne pas être récusée.

J’ai retrouvé dans mes papiers les documens suivans, portant l’empreinte des armes et les cachets d’autorités constituées et reconnues par la France, ce qui leur donne un caractère d’authenticité.

1o Un passeport qui me fut délivré à Loanda le 16 février 1829, lors de mon départ de cette ville pour mon second voyage dans l’intérieur de l’Afrique, lequel passeport, ainsi qu’il est consisté, me fut délivré sur le dépôt d’un passeport brésilien daté du 9 octobre 1827, et avec lequel j’étais arrivé en Afrique le 15 décembre de la même année.

2o Deux lettres avec les armes de Portugal sur l’enveloppe, à moi adressées dans le Golungo Alto, à plus de cent lieues dans l’intérieur de l’Afrique, et écrites par le gouverneur portugais, M. Abren de Castello Branco, et datées, l’une du 1er mars et l’autre du 20 avril 1828.

3o Un reçu de la Banque de Buenos-Ayres, avec les armes et le timbre de cette république, lequel reçu est imprimé et signé du président, du trésorier et du secrétaire de la Banque, et adressé au correspondant que j’avais laissé à Rio-de-Janeiro, constatant que je possédais le 15 avril 1828 et possède encore, dans les fonds publics de cette république, la somme de 45,000 fr. Voilà, je crois, une réponse positive à l’assertion que je ne possédais pas, à l’époque mentionnée par l’auteur de l’article, la somme de 3,000 francs.

Dans une brochure que je prépare, je répondrai article par article au reste de ce que vous avancez ; pour le moment je me borne à ce que je viens de dire.

Les documens mentionnés dans ma lettre sont en ma possession ; je les ai montrés à bien des personnes et je les reproduirai en temps et lieu.


Douville.