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REVUE DES DEUX MONDES.

Où ils perdent les troupes d’hommes et les courans destriers,
Qui leur attire la compagnie des corbeaux et des vautours ;
Et de tous ces morts ou blessés leur vient si terrible odeur,
Qu’il n’en est pas un d’eux, si beau qu’il fût, qui n’ait perdu sa couleur. »

Tandis que ceux de la ville délibèrent de la sorte,
Les assiégés du Capitole paraissent aux védettes,
Et de la plus haute tour ils font voir au comte de Montfort
Une enseigne noire avec des gestes de douleur.
Mais là-dessus les hérauts avec leurs trompettes s’en vont par toutes les tentes, criant
Que tous, grands et petits, prennent les armes,
Qu’ils se couvrent eux et leurs chevaux de guerre,
Parce que ceux de Marseille arrivent de grande hardiesse.

Et bien est-il vrai qu’ils arrivent :
Au milieu de l’eau du Rhône, chantent les rameurs ;
Les premiers sur l’avant sont les pilotes ;
Les archers et les matelots sont aux voiles ;
Les cors et les trompettes, les cimbales et les tambours
Font retentir et bruir le rivage et les champs.
Les écus et les lances,
L’azur, le vermeil, le vert et la blancheur,
L’or et l’argent (des armures) mêlent leur éclat
Avec celui du soleil et de l’onde courante.
Les combattans prennent terre, piétons et cavaliers,
Et marchent en grande joie et en plein jour.
Leurs chevaux couverts et leur enseigne en avant,
Les chefs criant de toutes parts : Toulouse !
En l’honneur du jeune comte qui recouvre sa terre,
Et ils entrent tous à Beaucaire.


Il y a dans tout ce tableau, ce qu’il y a dans l’ouvrage entier, ce qui en fait le caractère propre, c’est-à-dire des particularités historiques empreintes d’un cachet frappant de vérité, et hardiment jetées sur un fond dont la teinte poétique rappelle toujours plus ou moins les romans épiques du cycle carlovingien.

Je citerai encore, en l’abrégeant un peu, un autre morceau qui vient à la suite et à peu de distance du précédent. Il nous reporte d’abord au camp de Simon de Montfort, qui livre un dernier assaut à la ville pour essayer encore une fois de délivrer le château, mais qui est repoussé. Le tableau se termine par une