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REVUE DES DEUX MONDES.

Les seigneurs Guy, Aimery, Alard et Roger,
Avec leurs beaux bataillons sont arrivés les premiers,
Et les trompettes résonnent pour appeler les derniers.
Montfort regarde de toutes parts les murs, les clochers (et la roche),
Il voit ceux de la ville résolus et debout sous les armes,
Ses hommes assiégés dans la forteresse,
Et au sommet de la grande tour, son enseigne qui flotte avec son lion,
Et il devient tout noir de colère et de douleur.
Il ordonne à ses hommes de décharger les sommiers,
De planter les tentes et d’abattre les oliviers,
Et de s’établir tous par les jardins et les vergers.
Voilà donc Montfort en face de Beaucaire !
Voilà un siége en dedans, un siége en dehors ;
Voilà une guerre où fraude et droiture sont aux prises :
Mais Dieu sait bien de quel côté est le meilleur droit,
Il sait qui aider et défendre.


C’est de ce même ton et avec cette même teinte de poésie dans l’expression, que l’auteur poursuit le récit du siége, avec des détails parfois obscurs et mal coordonnés, mais ayant toujours les caractères de la plus stricte vérité, et d’une vérité qui n’est que là.

Voici un des morceaux qui peuvent donner une idée de la situation du parti toulousain dans Beaucaire, et de la confiance, de l’enthousiasme avec lesquels il combattait dans sa position aventurée :

Au secours de la ville arrivent de nombreux défenseurs ;
Assaillis aussitôt en dedans par d’autres guerriers,
Que fatiguent (tous ces assauts) et qui voudraient bien être ailleurs,
Dragonet appelle le (jeune) comte, son seigneur,
Et avec lui se réunissent au conseil les plus hauts barons.
« Seigneur comte, dit Dragonet, il paraît bien que Dieu vous est en aide ;
Depuis votre retour de Rome, il a remis vos affaires en belle couleur,
Et veut que vous recouvriez la terre de vos ancêtres.
Voilà votre pire ennemi en perte et en déclin,
Voilà la fraude et la fausseté réduites à l’ignominie.
Je n’ai jamais vu sermon de faux sermoneur
Qui ne fût à la fin reconnu pour mensonge ;
Et au dire de ceux qui bien pensent et entendent,