Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/446

Cette page a été validée par deux contributeurs.
440
REVUE DES DEUX MONDES.

Du reste, la vieille femme ne peut dire où est Taulat pour le moment ; mais il vient sans faute chaque mois renouveler le supplice de son prisonnier, et il ne reste plus que huit jours à passer jusqu’à l’époque certaine de sa prochaine visite. Geoffroi n’a donc qu’à revenir au bout de ce terme, il est sûr de rencontrer l’adversaire qu’il a tant cherché ; mais il ne peut l’attendre dans le château même, car si Taulat l’y trouvait, il ferait mourir ceux qui l’y auraient reçu.

J’ai poursuivi avec un certain détail le résumé de ce roman jusqu’au point central où toutes ses parties se rattachent les unes aux autres pour ne faire qu’une seule et même action. Sur tout le reste, je suis forcé de m’en tenir à des indications très-sommaires : elles suffiront pour mon objet.

Geoffroi passe les huit jours qui restent jusqu’à celui de l’arrivée de Taulat, chez un vénérable ermite, dans une forêt où il ne manque ni d’occupation, ni d’aventures, car il tue un énorme géant auquel il arrache la fille de son ami Auger, que le monstre avait enlevée ; il a un long combat avec un personnage infernal, un vrai démon sans chair ni os. Enfin arrive le jour de combattre Taulat. Les détails de ce combat sont assez dramatiques et assez intéressans dans leur genre ; Geoffroi, comme on se le figure aisément, en sort victorieux, mais il ne tue pas le vaincu ; il est bien plus beau pour lui de l’envoyer à la cour d’Arthur demander le pardon qu’il ne mérite pas. Par sa victoire se trouvent délivrés tous les chevaliers qui étaient là prisonniers, et particulièrement Mélian, ce seigneur si horriblement martyrisé par Taulat. Je laisse à penser la joie des sujets de ce dernier et le renom de Geoffroi parmi eux.

Mais dans sa gloire, ce dernier est encore malheureux ; la pensée de Brunissende lui est revenue dans toute sa force et l’obsède plus que jamais. Il va se remettre prisonnier entre les mains de la belle dame, et Dieu sait si cette fois il est bien reçu, et s’il a des raisons de s’évader. Cependant plusieurs jours se passent sans que les deux amans osent se déclarer l’un à l’autre leur amour, et il faut que le bon Mélian, rentré dans la seigneurie de la contrée, intervienne pour décider et avancer leur