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DE LA CHINE.

Roi ; leurs titres ont été à peine lus par Fourmont ; quelques ouvrages historiques ont été entr’ouverts par de Guignes et Des Hauterayes, tout le reste attend encore des lecteurs et des traducteurs. »

Tout cela était vrai et l’est encore.

Tandis que M. Rémusat se préparait à publier dans sa grammaire les fruits de son enseignement, il fut amené, par une étude toujours plus approfondie de l’écriture chinoise, à examiner les caractères figuratifs qui lui ont servi de base. Les résultats auxquels cette recherche le conduisit sont assez curieux pour nous y arrêter quelques momens.

Tous les caractères chinois sont formés par la combinaison d’un certain nombre de signes que la fantaisie des écrivains a groupés, brisés et entrelacés de mille manières, mais dont le nombre ne s’élevait pas originairement au-delà de deux cents. Ce sont les élémens fondamentaux de la langue écrite ; ce sont les molécules primitives qui constituent cette énorme agglomération. M. Rémusat eut l’idée simple et féconde de prendre un à un ces signes élémentaires, d’examiner successivement chacun d’eux sous sa forme la plus ancienne, et de demander à cet examen des lumières sur l’état primitif de la société chinoise, que nul autre monument ne pouvait lui fournir. Il est évident en effet que les images primordiales qui depuis ont servi à former toutes les autres, devaient contenir l’expression fidèle et comme le registre exact des idées et des connaissances possédées par ceux qui les avaient tracées. Cette vue était ingénieuse : M. Rémusat procéda à l’analyse des signes fondamentaux de l’écriture chinoise avec l’excellente méthode qui le caractérisait ; voici à quels résultats il fut amené.

D’abord, le nombre seul de ces signes est une chose frappante, car il ne passe pas deux cents. C’est déjà une induction pour un bien petit nombre d’idées et de besoins, par conséquent pour un degré de civilisation bien peu avancé à l’époque où ils furent inventés. Toute la suite du travail le confirma dans cette présomption. Ainsi, il reconnut que le ciel n’avait fourni aux inventeurs de l’écriture chinoise que sept caractères ; on voit qu’ils n’étaient pas grands astronomes ; ils n’étaient pas non plus bien avancés en métaphysique et en théologie. Toute idée abstraite de Dieu est