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sur le papyrus et les divers usages auxquels cette plante servait chez les anciens. Ces recherches ont été d’abord entreprises dans le but d’arriver à bien déterminer le sens des sept chapitres du huitième livre de Pline, qui se rapportent à ce sujet ; chapitres qui ont jusqu’à présent servi de texte aux plus étranges bévues de la part des traducteurs et des commentateurs.

Le papyrus ne croît pas seulement en Égypte, on le trouve en Italie, et il a été vu près du lac Trasimène par M. Dureau lui-même, et près d’Ostie par M. Petit-Radel. En Sicile, les environs de la fontaine d’Aréthuse le présentent en abondance, et c’est de là que provient celui qu’on cultive aujourd’hui au Jardin-des-Plantes. Le papyrus existe en Abyssinie et en Nubie, et l’assertion d’Eschyle sur ce point est confirmée par le témoignage de Bruce. Selon Strabon, on en trouve dans les Indes, et selon Pline dans la Chaldée. Cependant il ne paraît pas que dans tous les pays que nous venons de nommer, on ait tiré du papyrus un bien grand parti. En Égypte au contraire, on lui trouvait une foule d’emplois, on se servait des racines comme de bois de chauffage, on en construisait même de petits meubles à peu près comme on fait encore aujourd’hui dans plusieurs pays de l’Orient, avec les petites espèces de bambous. Les tiges dans leur entier servaient à construire des nacelles dans lesquelles on naviguait sur le Nil. Leur partie succulente fournissait un aliment auquel les paysans égyptiens ont encore quelquefois recours maintenant. Enfin, avec la moelle filandreuse dont ces tiges sont pleines, on faisait le papier.

La fabrication du papier constituait une branche d’industrie très-étendue, et dont les procédés nous ont été transmis par les auteurs anciens, en termes assez clairs, pour qu’il ne soit pas possible de s’y méprendre, du moment où l’on a vu la plante. Malheureusement c’est de quoi les commentateurs ne se sont pas mis en peine. De ce qu’on trouvait dans le papyrus les matériaux propres à la construction d’une barque, à la fabrication d’un meuble, ils se sont figuré une plante ligneuse et dont le liber constituait le papier égyptien, tandis que la partie la plus grossière de l’écorce était employée à faire des cordages. Rien n’est plus éloigné de la vérité, le papyrus est une plante herbacée, et ce qu’on employait à la fabrication du papier, c’était la moelle filandreuse contenue dans ses tiges, lesquelles s’élèvent comme de grands joncs à trois côtes.

Voici quelle était la suite des opérations par lesquelles il y avait à passer. D’abord, à l’aide d’un instrument bien tranchant, on divisait les tiges en lames minces ; on rapprochait ces lames de manière à ce que leurs bords se touchassent et contractassent une adhérence en raison des sucs gommeux dont la plante fraîche était imprégnée. Pour fa-