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ASPIRANT ET JOURNALISTE.

SOUVENIRS


DES CENT JOURS ET DE LA RESTAURATION.

N’allez pas croire que je vais écrire un chapitre de Mémoires ; je n’ai point, grâce au ciel, la fatuité que cette prétention suppose. Pour écrire des Mémoires, il faut avoir été célèbre par son talent, ou par le rôle qu’on a joué dans le monde. — Je ne sais pas si la Contemporaine, qui n’a été que belle et femme d’esprit, avait le droit de nous donner autant de volumes que madame de Genlis ! — Or, je n’ai rien été, moi, qu’un pauvre aspirant de marine, je ne suis rien qu’un pauvre homme de lettres fort peu connu, excepté peut-être de quelques artistes et de quelques marins ; je serais donc souverainement ridicule si je venais singer l’auteur des Confessions, et ajouter un tome aux cent mille volumes de Mémoires qu’on a écrits et publiés depuis quinze ans. N’ayez pas peur que cette folle envie me prenne. J’ai trop d’amour-propre pour ne pas me tenir en garde contre les démangeaisons d’une aussi sotte vanité !

J’ai vu cependant des choses curieuses, ou qui, du moins,