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que le défaut ou le caprice d’être un grand voleur. Ils arrivent tous à la cour de Charles, sous la conduite et la sauve-garde d’Aymes, comte de Bourges, ami de Gérard, bien que fidèle vassal du roi, et qui, introduit devant ce dernier : — Seigneur, lui dit-il, voici Foulques, arrivé hier soir. — Oui, poursuit Foulques, et qui viens demander pour Gérard, mon oncle, une justice que j’espère. Pourquoi, ô roi, voulez-vous mouvoir guerre à Gérard ? Ne vous laissez point aller à votre colère ; car, si vous détruisez ce que vous devez maintenir, Dieu vous abandonnera. Vous avez excité la guerre ; faites-la taire ; laissez à Gérard ce qui est à lui, et ne croyez point les flatteurs qui ne peuvent faire les grandes choses qu’ils promettent.

— Si Dieu m’aide, duc Foulques, répond le roi, vous discourez à merveille ; mais je ferai ce qu’il me convient de faire. Si Gérard a jusqu’ici tenu Roussillon et la Bourgogne, il les a tenus de moi, et je les lui ôterai, si je puis. Il n’aura point de si fort château que je ne l’escalade, ni de si haute tour que je ne la renverse et ne la brise.

« Là-dessus, don Begon, fils de Basin, prend la parole : — Seigneur roi, nous méprisons les menaces, et Gérard pourra bien vous mettre tel frein par lequel on vous tiendra mieux que l’on ne tient mulet rétif. Si vous voulez la guerre, si vous voulez bataille en champ clos, vous l’aurez ; et maint puissant baron y recevra tel coup de lance ou d’épée qui lui mettra le cœur à jour. Mais le comte Gérard n’y perdra ni un moulin, ni un four, ni un coin de pré, ni une poignée d’herbe. »

— Seigneur roi, reprend Foulques, écoutez ce que Gérard vous propose en toute justice. S’il vous a forfait en quelque chose, nous sommes ici cent chevaliers pour vous en faire droit de sa part, et pour être ses otages entre vos mains. Mais je soutiens que Roussillon est à lui, si ce n’est que le long de la Seine, sur l’autre rive, dans la forêt de Montargout, vous avez, en l’an, une chasse de quatorze jours par froid, et de quinze par chaud, et que Gérard vous doit défrayer les quatorze jours, à raison des quatre châteaux qu’il a dans le pays, des châteaux de Quarène et de Chatillon, de Sonegart et de Montaloi. Si quelqu’un trouve