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LE CLOU DE ZAHED,


HISTOIRE ORIENTALE.

Entre l’Arabie et la Perse, c’est-à-dire entre un désert de sables et un désert de montagnes, se déroule une immense contrée illustrée par toutes les civilisations du monde ancien et du monde moderne. Cette contrée appuie au nord sa tête montagneuse sur l’Arménie, puis elle s’aplanit doucement et se courbe dans les roseaux, entre deux fleuves impétueux qui, après une course de deux cents lieues, vont déboucher à ses pieds dans les eaux du golfe Persique. Cette contrée, les Arabes l’appellent Al-Djézira, c’est-à-dire l’Île ; les Grecs lui ont donné le nom de Mésopotamie ; l’Écriture-Sainte l’a nommée la Syrie des rivières. Ces rivières sont l’Euphrate et le Tigre. Elles virent autrefois fleurir sur leurs bords Babylone, Séleucie, Ctésiphon, et plus tard la riche et populeuse Baghdad, qui fut le siége de la puissance des kalifes Abassides.

Jamais Damas, où régnèrent les Ommiades, jamais le Kaire, cette somptueuse capitale des soudans d’Égypte, jamais Broussa, le berceau de l’empire othoman, jamais Stamboul elle-même, malgré sa gloire et ses splendeurs, n’atteignirent à ce degré de puissance et de richesse où Baghdad s’éleva sous le règne des Abassides. Baghdad était le comptoir de l’Inde, de l’Europe et de l’Afrique. L’Euphrate et le Tigre suffisaient à peine au transport des trésors que le monde entier venait chercher à Baghdad. Les Tatares Mongols, les Turcomans, et le trop célèbre Timour-