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ROMANS PROVENÇAUX.

par rapport à la seconde. Par cela même qu’il y eut des trouvères pour imiter les chants amoureux des troubadours, il dut y en avoir aussi pour traduire et modifier leurs fictions romanesques, pour en inventer d’autres sur les mêmes types. — Prétendre que les choses se passèrent autrement, serait vouloir nier la moitié d’un fait de sa nature indivisible.

Telle est, messieurs, l’idée générale que j’ai pu me faire de l’histoire de l’épopée provençale. S’il reste, dans cet aperçu, quelques points obscurs, j’aurai naturellement plus d’une occasion d’y revenir, et j’y reviendrai dans les cas qui me paraîtront dignes de votre curiosité et de votre attention. Pour le moment, il ne me reste plus que peu de mots à ajouter à cette discussion plus longue et plus aride que je n’aurais voulu.

À propos des anciens romans épiques en provençal, aujourd’hui perdus, j’ai avancé qu’il en existe encore quelques-uns. Je crois devoir en donner la liste : ce sera, s’il en est besoin, une nouvelle preuve qu’il en a existé. Si peu nombreux qu’ils soient, ils sont susceptibles d’être divisés en trois classes :

La première, de ceux qui subsistent dans leur texte provençal ;

La deuxième, de ceux qui n’existent plus que dans des traductions ou des imitations en un idiome étranger, et dont l’origine provençale est attestée par des témoignages historiques ;

La troisième, de ceux qui n’existent de même que dans des imitations étrangères, et dont l’origine provençale est attestée, non par des témoignages historiques, mais par des preuves et des raisons intrinsèques.

Cette dernière classe deviendrait aisément la plus nombreuse des trois ; mais, comme elle exigerait des recherches longues, compliquées et subtiles, je n’y comprendrai que deux ou trois des plus anciennes branches de Guillaume-au-court-Nez, le petit roman d’Aucassin et Nicolette, et le Tristan, compositions incontestablement traduites ou imitées d’originaux provençaux.

Quant à la seconde classe, je n’y puis comprendre que trois romans :

Le Titurel et le Perceval de Wolfram d’Eschenbach ;