et que j’aille me patiner avec ces contrebandiers, qui viendront bientôt, si on les laisse faire, dormir dans nos hamacs.
— On ne s’y prend pas ainsi, Scipion, un jour de fiançailles.
— Fiançailles !
— Et oui ! la fille du commissaire de la marine se marie dans huit jours.
— Avec quelque contrebandier anglais, je gage !
— Non, Scipion, avec moi. Mon épouse sera celle que tu as si étrangement regardée.
— Vous épousez cette demoiselle ?
— Pourquoi cet air d’étonnement, Scipion, ce ton qui semble douter d’une chose pourtant si naturelle ?
— En ce cas vous ferez bien d’avoir une maison au bord de la mer. Votre femme aimera beaucoup la mer.
— Je ne te comprends pas.
— Je vous répète que votre femme aimera beaucoup la mer, si elle conserve ses goûts de demoiselle.
— Ah ! çà, explique-toi.
— Tout est expliqué. Depuis six mois, je vois venir votre fiancée se promener sur la jetée qui borde le fort, je la vois gravir les rochers les plus élevés, qu’il y ait du vent ou de l’orage. Peut-être est-ce là que vous lui assignez vos rendez-vous ?
— Des rendez-vous ! le bord de la mer ! ma fiancée toute seule ! Cécile ! tu me promets la preuve de ce que tu avances, Scipion !
— Ce m’est aussi facile que de prendre ce chien de contrebandier. Venez demain à bord de ma maison. Ma lunette vous montrera votre fiancée comme je vous vois, bien qu’il y ait deux lieues de distance.
— Et avec un homme ! s’écria le fougueux aspirant ?
— Je ne dis pas cela. Vous chercherez l’homme ; c’est votre affaire ; moi, j’ai vu la femme !
— À demain, Scipion !
— À demain, monsieur Auguste.
Il était nuit. Au matin on sut que le contrebandier avait effectué son débarquement.
Évidemment Scipion se trompait sur la conduite du com-