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répression du fanatisme et de l’ignorance qui voudraient égarer le peuple et tourner la piété en sédition. D’ailleurs on peut même prévenir de pareils déportemens en versant abondamment l’instruction et la lumière sur les populations : à l’heure qu’il est, l’église, sauf une école dont je vais vous parler, monsieur, ne compte guère dans ses rangs que des hommes communs, des jeunes gens ignorans poussés du village au séminaire ; elle ne saurait plus prétendre à diriger son siècle : que le pouvoir s’empare de cette mission désertée, et disperse ses ennemis en les inondant de clarté.

Au surplus, l’église catholique a droit à la liberté, à cette conquête d’une révolution qu’elle n’aime pas ; qu’elle épure ses croyances, et les rapproche des progrès de la vérité ; dans cette sphère, elle est souveraine, et n’a rien à redouter que sa propre impuissance. Dans cette direction, je rencontre une nouvelle école catholique qui se propose ouvertement de régénérer et de relever la religion.


Si vous voulez explorer les problèmes religieux, trois chemins s’offrent à vous, la philosophie, la réforme, le catholicisme. Pour nous, monsieur, nous avons fait notre choix, et nous nous en référons philosophiquement, sur toutes choses, à l’autorité de l’esprit humain. Le protestantisme reconnaît bien l’empire et la légitimité de la philosophie ; mais à son sens, il est une région où la raison seule s’égare, où la foi seule peut soutenir l’homme et le mener : il admet le secours formel de la Divinité, la réalité d’une révélation positive, il la prouve par l’Évangile dont il remet l’interprétation aux convictions de la raison individuelle. C’est ainsi qu’il s’efforce de suppléer à la philosophie, de la dépasser, et qu’en même temps il y revient ; c’est ainsi qu’il s’avoue avec sincérité partagé entre l’Évangile et la maison. Le catholicisme s’appuie sur l’église et la tradition ; il ne peut entendre l’Écriture, en ce qui regarde la foi et les mœurs, que suivant le sens des pères ; l’église catholique professe de ne s’en départir jamais, et elle ne reçoit aucun dogme qui ne soit conforme à la tradition de tous les siècles précédens. Il est donc avéré