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ROMANS DE LA TABLE RONDE.

pondre d’une manière positive. Ceux des auteurs de ces romans dont on sait, ou dont on peut soupçonner quelque chose, n’étaient ni des prêtres ni des moines. C’étaient des hommes du monde, des poètes romanciers, comme les autres, seulement d’un tour d’imagination plus religieux et plus mystique. Quelques-uns se donnent aussi pour ecclésiastiques, et entre autres l’auteur du Grand Graal en prose : il y a même des manuscrits de ce dernier roman qui portent sur leur titre l’indication d’avoir été composés par l’ordre de sainte église. On ne sait trop s’il faut prendre de pareilles indications au sérieux. Une seule chose est certaine, c’est qu’inspirées ou non par l’église, des compositions de ce genre allaient à des idées, à des vues, que l’église avait manifestées plus d’une fois, et au triomphe desquelles elle était intéressée.

Une autre question plus importante que la précédente, avec laquelle elle a d’ailleurs beaucoup de rapport, c’est celle de savoir quelle était la source, l’idée de cette fable du graal. Quelqu’un des romanciers qui l’exploitèrent en fut-il l’inventeur, ou bien l’idée première en fut-elle d’abord consignée dans quelque légende latine, d’où les romanciers l’auraient prise pour la développer et l’embellir chacun à sa manière ?

Il n’existe point de données précises pour répondre à cette question. Mais je serais très porté à supposer que les auteurs des premiers romans du graal en trouvèrent, en effet, le fond et le motif, dans quelque légende monacale qui se sera perdue depuis, ou peut-être dans quelque tradition populaire se rattachant à celles de l’arrivée de Lazare et de Madeleine à Marseille.