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LITTÉRATURE DANOISE.

duire deux de ses pièces qu’il avait l’intention de faire représenter sur le théâtre italien.

Il envoya son Potier d’étain à Ricobonni, ou Lelius, comme il l’appelle, qui se trouvait alors à Fontainebleau avec sa troupe. Lelius répondit que la pièce était admirable de tout point, tutta maravigliosa ; mais bientôt il écrivit qu’il avait fait quelques réflexions et qu’il craignait que divers grands personnages ne s’imaginassent que la comédie d’Holberg avait été composée pour les tourner en ridicule. Holberg fut affligé de cette complète absence de liberté dans l’art. Il ne le fut pas moins de l’état de décadence où la comédie était tombée ; et nous devons lui savoir gré de l’indignation toute française qu’il éprouvait en voyant la salle, vide les jours où l’on jouait Molière, se remplir pour le roi de Cocagne. Holberg ne partageait point l’opinion d’un critique allemand qui place la farce de Legrand au-dessus du Tartuffe.

C’est après son retour de ce cinquième voyage à l’étranger, qu’Holberg acheva et fit paraître un ouvrage d’un genre à part. C’est une sorte de contre-partie des Métamorphoses. Les plantes et les animaux sont changés en personnages humains qui conservent dans leur caractère l’empreinte de leur origine, le tout avec une intention satirique. Ainsi un bouc est changé en philosophe à cause de sa barbe et de sa disposition batailleuse. Ce poème où la raillerie est quelquefois ingénieuse, mais en général froide et bizarre, souleva de nouveau, contre Holberg, un déluge d’attaques plus violentes et plus étranges les unes que les autres. On lui reprocha sérieusement, par exemple, d’inspirer aux enfans peu de respect pour leurs parens, en leur donnant à penser par sa fiction qu’ils avaient pour père un arbre ou un animal. Las de ce déchaînement absurde qu’excitait chacune de ses productions satiriques, Holberg déclara, dans une préface, qu’il voulait vivre en paix avec le genre humain : il abandonna la satire, et se remit à l’histoire.

Ses travaux en ce genre ne sont point l’objet de cette notice. Ils contiennent des parties traitées avec une véritable supériorité : qu’il nous suffise de dire qu’au milieu des nombreuses publications