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ROMANS DE LA TABLE RONDE.

mans, du moins quelque chose qui y ressemble, qui en approche, et dont on peut faire aisément ce dernier.

Ainsi donc, il en est tout juste de cette partie des chroniques bretonnes comme de la partie récente et altérée des triades galloises : dans les premières, aussi bien que dans celles-ci, il y a des allusions aux personnages et aux fables de la Table ronde ; mais, dans les unes comme dans les autres, ce sont ces fables qui, loin de sortir des documens bretons, y sont entrées d’ailleurs toutes faites, qui, loin d’en être une extension poétique, en sont, au contraire, une altération formelle, résultat d’une influence étrangère. En somme, ce n’est point dans les traditions bretonnes, telles que nous les offrent les monumens cités, que les romanciers de la Table ronde ont pu prendre ni la matière, ni l’idée de leurs compositions.

Je sens tout ce qui manque de développement à ces aperçus, pour paraître aussi clairs et aussi positifs que je le voudrais ; mais ces développemens prendraient une place qui ne leur est point destinée, une place que je ne pourrais leur donner, sans étendre outre mesure les limites que je me suis prescrites. Au lieu donc de prolonger ces considérations préliminaires, je me hâte d’en appliquer le résultat à la solution précise de la question dont je suis parti, de la question de savoir s’il y a, dans les romans de la Table ronde, quelque chose d’historique, quelque chose qui puisse être regardé comme une allusion aux événemens, aux idées, aux mœurs du pays et du temps auxquels ils ont ou veulent avoir l’apport.

Or, je n’hésite point à affirmer qu’il ne s’y trouve rien de tout cela. Ces romans n’ont pour base ou pour thème, aucun événement réel, ni de l’histoire bretonne, ni d’aucune autre histoire ; ils n’ont aucun caractère intrinsèque de nationalité. Ce sont des fictions dont le fond est aussi imaginaire que les accessoires.

Toutefois ces fictions ont un sens, un motif, à raison desquels on peut, si l’on veut, les qualifier d’historiques. Elles tiennent à des idées, elles sont l’expression de tout un système de mœurs ; mais ces mœurs et ces idées ne sont, ni de l’époque, ni de la contrée particulière où les auteurs de ces compositions ont