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ROMANS CARLOVINGIENS.

peut présumer que se sont maintenus le mieux les caractères primitifs de l’épopée carlovingienne, et nous représenter le mieux cette épopée à son origine. S’il y a des données pour découvrir quelque chose à ce sujet, c’est dans ces romans formés de la fusion ou de la juxta-position de plusieurs autres, liés entre eux par leurs sujets respectifs. On conçoit, en effet, qu’il doit entrer, dans ces sortes d’amalgames, des compositions d’âge et de caractères fort divers, qui marquent nécessairement différentes époques de l’art, et dont quelques-unes peuvent remonter assez haut vers son origine. Cette observation m’amène à vous dire quelques mots des romans épiques formant des cycles partiels, dans le cycle général des romans carlovingiens. Elle marque le but dans lequel j’ai à vous parler de ces cycles.

Comme je l’ai dit, toutes ces épopées carlovingiennes, bien que fourmillant de contradictions intrinsèques, ont toutes entre elles quelque point de contact apparent et extérieur, à raison duquel on peut dire qu’elles ne font qu’un seul et même tout. C’est dans ce sens que l’on dit, quoique assez improprement, ce me semble, qu’elles formaient un cycle.

Quant aux cycles particuliers que l’on a composés d’une manière plus ou moins factice dans ce cycle général, ils ne sont pas nombreux : je n’en connais que trois. Le premier et le plus borné de tous est celui auquel appartient ce roman d’Aiol dont je vous ai déjà cité divers passages. Il comprend trois romans distincts, d’abord celui d’Aiol proprement dit, celui d’Elie son père, et celui de Julien de Saint-Gilles, le père de ce dernier.

Le second n’existe qu’en italien et en prose : c’est un ouvrage resté populaire, sous le titre de Reali di Francia, équivalent à celui des princes ou chefs de la race royale de France. On y a rapproché toutes les fictions romanesques antérieures ou supposées antérieures à Charlemagne. Elles commencent à Constantin, et finissent par cette histoire de Berthe au grand pied, femme de Pépin et mère de Charlemagne, dont je vous ai déjà dit quelque chose.

Le troisième, le seul auquel je veuille m’arrêter un moment, est celui que je vous ai déjà nommé plusieurs fois, celui de