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ROMANS CARLOVINGIENS.

reux d’elle. Une fois né, l’amour éveille bien vite, dans le cœur du jeune Mainet, la bravoure et l’énergie qui y avaient été jusque-là un peu assoupies. Il fait force prouesses pour Galerane, finit par l’enlever de la cour de son père et repasse avec elle en France. Là, secondé par quelques fidèles amis, il attaque les deux bâtards usurpateurs, les bat, et recouvre son royaume.

Je l’ai déjà insinué, et je crois pouvoir le répéter : si étranges que soient ces fables, il est très probable que les romanciers des douzième et treizième siècles n’en furent pas les inventeurs, qu’ils les trouvèrent déjà en vogue et ne firent que leur donner de nouveaux développemens.

On croit assez généralement, d’après des témoignages historiques qui n’ont rien d’invraisemblable, que Charlemagne entama une espèce de négociation avec le célèbre Calife Haroun-el-raschid, dans la vue d’en obtenir, pour les chrétiens, la liberté et la sécurité du pèlerinage de Jérusalem. On ajoute même que le calife envoya courtoisement à l’empereur d’Occident les clefs du Saint-Sépulcre.

Tel est le seul motif historique que l’on puisse assigner à divers romans, sur une prétendue expédition de Charlemagne à Jérusalem, expédition dans laquelle auraient été conquises les reliques de la passion, la couronne d’épines de Jésus-Christ, les clous avec lesquels il avait été attaché à la croix, et la lance dont il avait eu le côté percé ; ces précieuses reliques auraient été déposées à Rome.

Les romans qui roulaient sur cette expédition, sont aujourd’hui perdus : je ne crois pas du moins qu’il y en ait en France des manuscrits, mais il peut y en avoir ailleurs ; et dans tous les cas, il n’y a pas lieu à révoquer en doute l’ancienne existence de ces romans. Dans l’ordre chronologique, ils viennent immédiatement après ceux qui ont pour sujet les aventures de la jeunesse de Charlemagne.

Rome ne fut pas long-temps en possession de cet inappréciable trésor que Charlemagne était allé conquérir pour elle à Jérusalem. Un émir des Sarrasins d’Espagne, nommé Balan,