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LES CONFIDENCES.

Le pays de Bray est un délicieux séjour pour ceux qui ont passé dans sa solitude les belles années de leur jeunesse : pour les autres, ce n’est qu’une contrée humide et triste, où les mouvemens du terrein offrent peu d’accidens curieux.

Entre Gaille-Fontaine et Forges, sur une hauteur, est situé le château de Vercourt, monceau informe de briques, dont le toit élevé et les ruines environnantes attestent l’ancienneté. Deux femmes de la société la plus brillante de Paris s’y trouvaient pendant une soirée d’automne froide et pluvieuse. La plus âgée, la marquise de Vercourt, propriétaire de cet antique manoir, eût été belle encore, si elle eût voulu l’être : mais elle ne cachait pas ses cheveux blanchis ; elle ne cherchait jamais à tromper sur la pâleur de son teint, et aucun art ne préservait sa taille élevée de l’affaissement causé par la fatigue des ans. Cette femme n’avait pas toujours eu cette indifférence. Un observateur s’en serait certainement aperçu à son regard doux et triste, au sourire fin qui se jouait sur ses lèvres. Mais qui observe ? Elle était silencieusement assise devant un métier, et le fini de sa broderie donnait à croire que l’unique soin qui l’occupait était d’unir avec goût les soies éparses autour d’elle. Son maintien et ses occupations donnaient l’idée du repos. Depuis long-temps ce