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SIGURD.

Brunhilde lui ferme la bouche :
— Tu jettes tes discours au vent,
Mais ne crois pas, Gunar, approcher de ma couche,
Si ce soir Sigurd est vivant. —

Elle sort, et Gunar en silence demeure,
Il demeura pensif ainsi durant une heure,
Puis il va vers son frère, il le va consulter,
— Que faire Hogni ? Brunhilde est prête à me quitter.
Elle veut que Sigurd périsse ;
Que faire Hogni ? Faut-il que j’obéisse ?
Par un refus la faut-il irriter ?
À toute autre je la préfère,
Je ne veux pour rien sur la terre
Perdre Brunhilde et son trésor.

HOGNI.

Deux biens sont précieux pour une âme guerrière :
La beauté de la femme et la splendeur de l’or ;
Couche Sigurd dans la poussière.
Brunhilde se plaint, c’est assez,
Nous sommes en elle offensés.
L’affront rouille le fer du brave
Jusqu’au jour où le sang le lave.

GUNAR.

Si nous tuons Sigurd, nous perdons plus en lui
Que si de quatre fils dans la même journée
La jeunesse était moissonnée !

HOGNI.

Les Nifflungs n’ont jusqu’aujourd’hui
Jamais eu besoin d’un appui ;
Notre allié, c’est notre glaive,
Il suffit à nous protéger,
Du moins le butin que j’enlève
Ne sera plus à partager.