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REVUE DES DEUX MONDES.

« Beau guerrier, brillant de jeunesse,
Sigurd, qui me fais tant souffrir,
Il faut que dans mes bras je te tienne et te presse
Il le faut… ou mourir !

J’ai dit un mot dont se repent mon âme,
De Sigurd une autre est la femme ;
Rien ne peut finir mes malheurs,
À Gunar je suis enchaînée ;
Ô Valkyrie infortunée,
Urda la sombre destinée
T’a réservé bien des douleurs ! »

Souvent, le soir, quand son ennui l’assiège,
Elle marche au hasard sur la glace et la neige,
Les sapins l’entendent gémir
Quand vient l’heure où Sigurd près d’Hilda va dormir.

Dans sa tristesse elle se noie ;
Puis, se livrant à son courroux :
En me privant de mon époux,
On m’a ravi toute ma joie,
Eh bien ! je remplirai mon sort,
Je me réjouirai dans des pensers de mort !

Près de Gunar elle se précipite,
Au meurtre de Sigurd sa rage ainsi l’excite :
— Tu me perdras, Gunar, et tu perdras mon or ;
De moi tu n’auras plus une seule caresse,
Si vainement ma voix te presse ;
J’emporterai tout mon trésor,
Je retournerai vers mon frère,
Vers Atli, ce roi de la guerre,
Si tu désobéis, Gunar, à ma colère.

Gunar fut triste en l’entendant parler,
D’abord il veut la consoler ;
Mais d’un regard morne et farouche