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REVUE DES DEUX MONDES.

Que de penser que tu serais ma femme ;
Mais dès qu’ici je suis venu,
Mon esprit du passé ne s’est plus souvenu.

BRUNHILDE.

De douleur une âme rongée
Par des mots n’est point soulagée ;
Sigurd, ce n’est pas tout encor,
Hilda de toi reçut mon anneau d’or,
Et ses discours m’ont outragée.

SIGURD.

Ainsi les sœurs se querellent toujours,
Hilda ne tiendra plus de semblable discours.

BRUNHILDE.

Oh ! que ne suis-je encor vierge sur mes montagnes,
Où pour planer sur les combats,
De mon coursier dans l’air faisant voler les pas
Près des guerrières mes compagnes !

SIGURD.

Ne t’a-t-il pas donné, Gunar, ce roi puissant,
Ce pourquoi toute femme incessamment soupire ?
Des parures, de l’or, de l’or éblouissant.

BRUNHILDE.

Plus que l’or ce que je désire,
C’est que le glaive te déchire,
Que la terre boive ton sang.

SIGURD.

Il ne me reste pas beaucoup de jours à vivre,
Dès long-temps je connais mon sort,
Et toi, de près, tu dois me suivre
Dans les demeures de la mort.

BRUNHILDE.

Guerrier maudit, guerrier funeste,
Toi seul as fait tout mon malheur,