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REVUE DES DEUX MONDES.

En frappant sur leurs boucliers.
Sigurd bondit plus haut que les autres guerriers.
Dans la corne d’un bœuf sauvage,
Ensemble des époux ils goûtent le breuvage.
La peau d’un ours tué depuis trois jours
Fut la couche de leurs amours.
Hilda se réjouit, dans le fond de son âme,
Du plus vaillant des chefs de se sentir la femme.
Sigurd n’a point connu de semblable transport
Depuis que de son père il a vengé la mort.
Quand Sigurd dans ses bras serra sa jeune proie,
Ce fut pour le héros une pareille joie
Que le jour où, vainqueur du dragon rugissant,
Il le vit se débattre et rouler dans son sang.



CINQUIÈME AVENTURE.

GUNAR ÉPOUSE BRUNHILDE.

Grimma dit à Gunar : Mon fils, je te conseille
D’aller sur la montagne où Brunhilde sommeille.
Brunhilde est belle et tu l’épouseras :
Elle est terrible aussi ; pourtant tu la vaincras,
Pourvu que Sigurd t’accompagne.
Gunar dit à Sigurd : Allons sur la montagne.
Sigurd joyeux répond : Allons ! et les guerriers
S’assirent pesamment sur leurs puissans coursiers.

Quand il fallut franchir la flamme merveilleuse,
Sigurd dit à Gunar d’une bouche railleuse :
Pourquoi ton bon cheval ne peut-il avancer
Vers ce palais éclatant de lumière ?
— En avant j’ai beau le pousser,
Au travers de la flamme il ne veut, point passer,
Mais toujours m’emporte en arrière.