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SIGURD.

Au front des combattans elle pose sa main,
Et choisit cent guerriers pour le palais d’Odin.
Sigurd marchait à la lueur divine
Au pied d’un rocher noir, au fond d’une ravine ;
Les fils d’Hunting l’attendaient en tremblant.
L’un veut fondre sur lui, mais Sigurd le devine,
Et dans sa farouche poitrine
Il enfonce à deux mains le fer étincelant ;
L’autre songeait à fuir ; le fort Sigurd l’enlève,
Et de la pointe de son glaive
Sur le dos du vaincu grave un aigle sanglant.
Puis il chanta : J’ai bien vengé mon père,
Le meurtrier dans ses fils est puni,
Leurs corps sont couchés sur la terre,
Les corbeaux sont repus, le combat est fini,
Je suis content ; de la vierge divine
Regagnons maintenant la lointaine colline.



QUATRIÈME AVENTURE.

SIGURD VA CHEZ LES NIFFLUNGS.

Sur son cheval Grani Sigurd long-temps voyage,
Si long-temps Grani va marchant,
Et tant Sigurd va chevauchant,
Que d’un fleuve ils touchent la plage.
Des rochers escarpés bordaient son lit profond,
À flot rapide et clair l’onde courait au fond ;
C’est des Nifflungs le pays sombre,
Affreux pays de brume et d’ombre.

Les trois frères Nifflungs à table étaient assis ;
Le premier, c’est Gunar, guerrier triste et perfide ;
Le second, c’est Hogni, sombre et de sang avide ;