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SIGURD.

La belle Valkyrie, — et sur son bras s’incline
Son front penché qui dort.

Car Odin courroucé de ce que la guerrière
A frappé sans son ordre un de ses bien-aimés,
De la verge magique a touché sa paupière,
Et de Brunhilde au jour les yeux se sont fermés,
Et les sanglans combats et la douce victoire
Désormais lui sont refusés,
Et ses jours passeront usés
Dans de terrestres nœuds, sans éclat et sans gloire.
Mais la Valkyrie a juré
De ne jamais être la femme
Que du guerrier qui franchirait la flamme
Dont son palais brille entouré,
Et toujours à la peur aurait fermé son âme.

Sigurd la voit dormir, et la croit un guerrier.
Il approche, — son casque enlève,
Et du tranchant de Gram le fidèle et bon glaive,
Il fend du haut en bas la cuirasse d’acier.
Brunhilde alors sur son bras se soulève,
Brunhilde sur son bras se soulève à demi,
Et dit : j’ai bien long-temps dormi,
Voilà bien long-temps que je rêve !
De la terre je plains les tristes habitans,
Les douleurs qu’on y souffre, elles durent long-temps !
Salut au jour, après la nuit sa mère,
Salut au ciel et salut à la terre,
Salut aux dieux, aux déesses, à toi,
Guerrier divin, qu’ils conduisent vers moi.
Je t’apprendrai les runes redoutables
Que les géans m’ont révélés,
Et les préceptes véritables
Que les sages m’ont dévoilés.