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SIGURD.

Si ta promesse fut perfide,
De ta mort voici le moment !

LE NAIN.

Le nain qui t’a forgé ton glaive
Ne se venge pas à demi ;
Ce que j’entreprends, je l’achève.
Tu perceras ton ennemi.
Creusons une fosse profonde
Pour détourner le sang immonde
Qui va ruisseler de son flanc.

SIGURD.

Creusons gaîment ; ce monstre horrible
Mourra ; d’un ennemi terrible
Heureux qui voit couler le sang !

LE NAIN.

Chaque soir, pour boire à la rive,
Fafnir passe ici.

SIGURD.

Fafnir passe ici. Qu’il arrive !

LE NAIN.

Prends garde, Sigurd, arme-toi,
Il n’est pas loin, voici son heure ;
Il vient, il vient !

Il vient, il vient ! Pâle d’effroi,
Le nain s’enfuit, Sigurd demeure.

Sigurd descend dans le fossé ;
Sous les pas du monstre placé,
Le laisse approcher en silence
Et lui plonge son glaive au cœur ;
Fafnir jette un cri de douleur.
Alors Sigurd vers lui s’élance,
Et l’homme et le monstre, un moment,
Se regardèrent fixement.