Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/384

Cette page a été validée par deux contributeurs.


COLLÈGE DE FRANCE.

COURS DE M. LERMINIER.

Les études ont bien eu leur part de déception et de mécompte dans notre révolution de 1830, et l’incertitude leur est devenue commune avec l’industrie, avec les arts, avec la gloire. Elles aussi, nous pouvons les dire légèrement désabusées. Ce n’est pas que sous la restauration, les études, et les études philosophiques dont nous voulons parler surtout, aient été conduites vers un but ouvert, annoncé, social et sciemment progressif. Où menaient en réalité les études philosophiques de la Sorbonne ? Partout, répondra l’éclectisme de la restauration : partout ! Vous souvient-il encore de ses préceptes ? « Cherchez, ou plutôt ramassez au hasard ; ajustez, non pas tant de peine, juxta-posez ; prenez, prenez avec confiance un peu de tout, un peu partout ; il ne peut manquer d’en résulter quelque chose que nous appellerons un système, et qui sera bien évidemment pour nous la composition la plus large, la plus calme, la plus positive. »

Oui, il nous en souvient : tandis qu’à la Sorbonne, nous assistions, pleins de foi, au spectacle de la fusion de tous les systèmes les plus exclusifs, au sublime accord de toutes les passions ; tandis que la chaîne des temps semblait renouée sous nos yeux, le présent s’abîmait, et la chaîne proclamée inviolable, éternelle, retombait en débris sur nos têtes.

Ce moment est assez près de nous pour qu’il ne soit pas besoin de rappeler notre étourdissement après la victoire. Ce fut comme après trop de bruit et de lumière, éblouissement et confusion. On peut le dire, parce que cela fait res-