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REVUE DES DEUX MONDES.

Qu’importe au surplus ? Le peuple s’arrange probablement de ces sortes de réjouissances et de ce banquet, puisqu’il en vient prendre sa part. Laissons-le donc s’ébattre et danser dans cette poussière de fête ; nous, continuons notre tâche. Nous avons à parler encore des nouvelles publications et des évènemens littéraires de notre quinzaine.

Aux théâtres, il ne s’est point représenté d’ouvrages qui méritent d’être mentionnés ici, mais on annonce que M. Victor Hugo vient de terminer un drame. Ceci doit intéresser vivement tous les vrais amis de l’art. On sait que M. Victor Hugo ne fait point de la poésie à la toise, et qu’il n’exploite le drame sous la raison d’aucune société ; aussi nous a-t-il habitués à n’attendre de lui que des œuvres dignes et consciencieuses. Sa dernière pièce est, dit-on, écrite en prose. Tous ceux qui en ont entendu la lecture, s’accordent à dire que jamais le talent du jeune écrivain ne s’est élevé à une plus grande hauteur que dans cet ouvrage, et semblent compter pour lui sur un succès qui laisserait bien loin même celui d’Hernani. C’est beaucoup espérer assurément. Que M. Victor Hugo se hâte pourtant de tenir ces promesses. Qu’il choisisse bien vite son théâtre.

Nous, en attendant, examinons sommairement les livres nouveaux qui nous ont été récemment adressés.

Disons d’abord encore un mot du roman de M. Karr, dont nous avons promis de reparler. En deux lignes, voici l’analyse de Sous les Tilleuls[1]. Madeleine, qui aimait Stephen, et en était aimée, l’oublie parce qu’il est pauvre, et se marie avec Édouard parce qu’il est riche. Édouard était l’ami de Stephen. Ce dernier se venge cruellement de la double trahison de sa maîtresse et de son ami. Il commence par tuer en duel le mari, puis il séduit sa femme, et au moment où elle vient de se livrer à lui, il l’écrase impitoyablement sous l’injure et le mépris. La malheureuse se pend de désespoir. Stephen déterre son cadavre, et lui donne sur la bouche un baiser d’expiation. Ce roman voulait être naturel et vrai. Il commençait même assez

  1. Chez Gosselin.