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ITALIE. — TOSCANE. — MODÈNE. — PARME.

nument de l’éloquence et du courage de son auteur, Giordani annonça que les temps avaient marché, que l’influence de la révolution française avait passé par là, et qu’il était désormais impossible de gouverner les légations avec les vieilles formules de la chambre apostolique. Le légat répondit en destituant Giordani, qui se tut, et laissa les événemens répondre pour lui, quinze ans après. Il se réfugia à Milan, où nous avons déjà dit qu’il fut l’un des rédacteurs les plus distingués de la Bibliothèque italienne. Ayant été forcé de quitter aussi la Lombardie, il a depuis changé souvent de résidence. Maintenant il vit à Parme. Giordani n’a jamais écrit un grand ouvrage ; mais la beauté de son style et la pureté extraordinaire de sa diction lui ont fait une si grande réputation, que la moindre chose de lui (un éloge, un article de journal) est presque un événement en Italie. Homme d’un savoir immense, profond helléniste, n’ayant pas d’égal dans la connaissance de la littérature italienne, Giordani a contribué puissamment à remettre en honneur la pureté de la langue de Dante. Le succès qu’il a obtenu devrait apprendre aux jeunes gens (qui malheureusement négligent trop souvent ces recherches) à s’armer d’un levier qui peut agir si heureusement sur les destinées de la patrie.

Il y a à Parme deux autres savans qui se sont beaucoup occupés de philologie italienne : M. Colombo, qui a publié un grand nombre d’observations importantes sur les anciens auteurs, et M. Pezzana, auquel on doit plusieurs volumes de Mémoires sur les écrivains parmesans, pour faire suite à la collection du célèbre père Affò. La bibliographie, qui est par elle-même une étude fort aride, devient une science importante, lorsqu’on l’applique à la biographie, à l’histoire et à la publication d’importans documens inédits. L’Italie a possédé en même temps trois bibliographes du premier ordre : Morelli à Venise, Audiffredi à Rome et Affò à Parme, qui, aidés d’une grande connaissance des langues anciennes et modernes et d’une érudition presque universelle, ont publié des travaux précieux sur l’histoire littéraire de l’Italie. Ces hommes laborieux et estimables ont formé une école. Manzi à Rome, Gamba à Venise, et Pezzana à Parme, soutiennent di-