Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
ITALIE. — TOSCANE. — MODÈNE. — PARME.

teurs toscans paraissent avoir été détruites. Cependant bientôt après, Cino de Pistoja, Guittone d’Arezzo et Brunet Latin, auteur du Trésor et maître de Dante, tous les trois Toscans, se distinguèrent parmi les poètes de leur temps ; mais ils durent disparaître devant le géant de la poésie moderne, Dante, dont la gloire vivra autant que le nom italien. Après cet homme extraordinaire, on marche en Toscane de prodige en prodige. Pétrarque, Bocace et d’autres illustres écrivains fixent la langue italienne. Le génie se montre sous toutes les formes et revêt les plus brillantes couleurs. Toutes les classes de la société prennent part au mouvement des esprits. Tantôt c’est un pâtre des environs de Florence qui s’amuse à dessiner des brebis sur des pierres, et qui se trouve tout-à-coup transformé en ce fameux Giotto, dont la renommée remplit l’Italie ; tantôt c’est un homme obscur, qui, regardant la cathédrale de Florence, qu’Arnolfo avait laissée inachevée, se dit à lui-même : « Il faut que j’achève cette coupole. » Peu de temps après, il va à Rome avec un de ses amis, y reste plusieurs années, vivant du travail de ses mains, et dessinant les monumens antiques. Enfin tous les deux rentrent dans leur patrie : c’étaient Brunellesco et Donatello, le premier architecte et le premier sculpteur de leur siècle.

Le quatorzième siècle fut pour Florence celui de l’énergie, des progrès, de l’originalité. Le quinzième fut celui de l’érudition. Après que les Italiens eurent développé la mâle énergie d’un peuple sortant de la barbarie, ils se reportèrent vers l’étude des anciens. La langue italienne, si pure, si incisive, fut négligée. Les érudits du quinzième siècle crurent qu’une langue, qui avait suffi au génie de Dante, était trop bornée pour eux, et ils écrivirent en latin. Lorsque les victoires des Mahométans chassèrent en Italie les débris de la civilisation hellénique, Florence profita du séjour de Lascaris, de Chalcondyle, et d’autres illustres proscrits. L’Académie platonique, trop vantée peut-être, concourut à répandre la connaissance de la langue grecque. On admire encore les belles éditions d’Homère et d’autres poètes grecs publiés pour la première fois à Florence. À la tête des érudits de cette époque brille le Politien,